Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Appel à la démocratie participative, à l’éthique et à la transparence, sur l’île de la Réunion

Un collectif réunionnais pour mettre fin à la corruption sur l’île

Le collectif citoyen Réunion Solidarité Ambition (RSA) est né de l’initiative des deux cofondateurs, Laurent Bellon, alias le Mafaté et Olivier Rombau, dit Zoreil. Il fut constitué en 2019, suite au terrible constat que l’île de la Réunion compte parmi les départements les plus corrompus et les plus pauvres de France. 40 % des Réunionnais vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Le coût de la vie (loyer, nourriture, etc.) y est très élevé, le taux de chômage, même en diminution, dépasse toujours, les 20 %.

Les manifestations ne menant à aucun changement concret, Laurent et Olivier ont décidé d’employer une autre méthode ayant pour but de responsabiliser les élus et faire appliquer l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Ils proposent une évolution constructive plutôt qu’une révolution, grâce à la signature d’une charte éthique ou anti-corruption par les élus et l’ouverture de « maisons pour tous » dans toutes les communes de l’île.

La charte éthique ou anti-corruption

La charte s’inspire de la charte de l’association Anticor, fondée en juin 2002 pour « lutter contre la corruption et rétablir l’éthique en politique ». À l’origine, elle fut rédigée et destinée aux élus et candidats des municipales des 24 communes de l’île. Aujourd’hui, l’objectif consiste à étendre cette charte à l’ensemble des élus de la Réunion, mais aussi aux autres départements de France.

Le taux d’abstention record, aux dernières élections régionales et départementales, confirme la perte de confiance des citoyens envers les élus. À travers cette charte, le collectif citoyen RSA souhaite remettre de la confiance au sein de la politique et garantir la transparence, l’intégrité et la probité des élus de l’île de la Réunion.

Ainsi, les 10 articles qui ont été rédigés demandent plusieurs engagements comme le non-cumul des mandats et des fonctions, la formation des élus, la reconnaissance de l’opposition.

Le collectif citoyen RSA a réalisé un appel à l’ensemble des élus réunionnais pour rédiger la version définitive de la charte anticorruption. Ensuite, la charte sera appliquée dans chaque quartier de chaque commune avec l’installation de maison intraservices, maisons de quartier ou « maison pour tous ».

Voir la charte sur Facebook 

Soutiens et signatures de la charte

Alors que l’association Anticor, présente sur le territoire depuis 2013, « prévoit de frapper fort », le collectif citoyen RSA est passé à l’action. En moins de trois ans, il a obtenu de nombreux soutiens et signatures.

À ce jour, le collectif citoyen RSA bénéficie du soutien du Collectif des Maires Résistants, d’Oliv Oliv, de Benjamin Boucher vice-président du mouvement citoyen Union Essentielle, d’artistes (Nono du groupe Kiltir Maloya, Francis Lalanne, etc.). Les deux procureures de la République en exercice Mme Caroline Calbo et Mme Denisot soutiennent également l’initiative et dénoncent le manque de moyens en termes de contrôle, puisque la simple conscience morale ne suffit visiblement pas.

Le média local Rond-Point 2.0 Outre-Mer ainsi que la radio RTL Réunion ont reçu chaleureusement le collectif citoyen RSA. Un entretien a également été organisé avec Ernest Prado, auteur de « La supercherie judiciaire ».

Une pétition a été lancée il y a quelques mois et compte déjà plus de 600 signataires.

Le collectif RSA a également recueilli de nombreuses signatures de la part d’élus de l’île de la Réunion :

  • 10 maires sur 24
  • 7 députés sur 8
  • 3 sénateurs sur 4
  • l’ancien et le nouveau président de région (Didier Robert, Huguette Bello), le président du département (Cyrille Melchior), l’ancien et le nouveau président de l’association des maires de la Réunion (Stéphane Fouassin, Serge Hoareau).

La vigilance est tout de même accrue, car la signature ne veut pas forcément dire respect des engagements. On peut le constater, par exemple, avec l’implication de Didier Robert dans de nombreuses affaires.

Après plusieurs sollicitations, le collectif RSA se trouve toujours dans l’attente d’une rencontre avec le préfet M. Jacques Billant, le ministre de l’Outre-Mer M. Sébastien Lecornu, le président de la République française M. Emmanuel Macron, concernant la mise en place du planning de travail pour la finalisation de la charte, le lancement des états généraux constructifs, l’ouverture des « maisons pour tous », d’ambassades citoyennes, de chambres consulaires, etc. L’association des maires de la Réunion devait également mettre ce sujet à l’ordre du jour.

Les « maisons pour tous » 

Ces maisons de quartier rassembleraient des services d’aide de proximité, des collectifs associatifs et de citoyens afin de favoriser la démocratie locale. Ces maisons ont pour objectifs de permettre aux citoyens :

  • de créer du lien social et lutter contre l’isolement,
  • de s’impliquer dans la vie locale,
  • d’obtenir de l’aide pour les démarches administratives et dématérialisées,
  • de permettre l’accès aux outils numériques, notamment pour les plus précaires,
  • d’effectuer l’attribution et la distribution des colis alimentaires pour les nécessiteux,
  • d’effectuer le contrôle de l’attribution des subventions aux associations et leur bonne utilisation,
  • de travailler sur des projets communs selon les besoins du quartier,
  • de suivre en direct le conseil municipal à l’aide d’une retransmission sur écran,
  • de mettre en place une réelle démocratie participative avec une représentativité citoyenne au sein des conseils municipaux en respectant la parité.

Soutenir les habitants dans le besoin, avec dignité, durablement et à proximité, leur permettra de se réinsérer plus facilement, grâce à un meilleur suivi et un gain de temps en termes de transport, par exemple.

Le collectif citoyen RSA apporte des réponses concrètes sur le sujet de l’éthique en politique. Il y a également un travail en cours de réalisation sur le sujet de la protection fonctionnelle. Puisque cela veut dire que l’élu corrompu reste impuni. En faisant appel à la protection fonctionnelle, ce sont nos impôts qui financent les frais d’avocat et les amendes de l’élu corrompu. Il ne reste plus qu’aux élus et aux citoyens de s’emparer de ce projet d’intérêt général pour appliquer les vœux du président. Une fois toutes ces mesures mises en place et effectives, peut-être pourrons-nous exiger un casier judiciaire vierge pour les élus ?

Cindy Destyneo